Dans le cadre d’un vaste projet de recueil de mémoire sous forme de film documentaire, la Communauté de Communes de la Veyle a proposé ce dimanche 21 septembre, une nouvelle projection du film réalisé par Cathy Gimenez intitulé « 40 ans d’une vie à La Bresse ». En ces Journées Européennes du Patrimoine, cette mémoire vivante a trouvé un écho une fois de plus chez les nombreux anciens employés de cette entreprise qui a marqué la vie économique locale. Un moment fort en émotion !

Cathy Gimenez est une jeune réalisatrice burgienne dont les talents ne sont plus à prouver. Elle a déjà réalisé trois films sur commande de la Communauté de Communes de le Veyle, qui ont tous été plébiscités par le public, tant ils ont su à la fois émouvoir et rendre fidèlement hommage aux nombreux témoins interrogés. Après les films sur la mémoire des appelés d’Algérie et sur les événements de 1944, ce film projeté à la salle des fêtes de Chaveyriat, raconte l’aventure de La Bresse, une entreprise de salaisons à Mézériat qui a marqué durablement la vie locale. Le public est venu nombreux, souvent des anciens employés de La Bresse.

Cent ans d’histoire

C’est en 1925 que cette maison est fondée par Gaston Charvet, fils de boucher de Vonnas. Peu à peu l’entreprise s’agrandit et en 1933 elle installe des abattoirs pour les porcs, traitant ainsi la filière des salaisons de A à Z. Plus tard, elle est reprise par la famille Robin et connaîtra son apogée dans les années 1970/1980 où plus de 600 salariés viennent travailler quotidiennement dans des bâtiments qui évoluent avec le temps. C’est cette mémoire que Cathy Gimenez retrace en suivant une quinzaine d’anciens employés qu’elle filme, notamment, de retour sur les lieux de ce qui est maintenant une friche industrielle devenue le terrain de jeu de quelques taggers qui ont réalisé des œuvres parfois impressionnantes. Mais on sent que cela ne plaît qu’à moitié à ceux qui découvrent ces locaux en ruine.

Des vies qui se racontent

Ces témoignages sont poignants, car chacun évoque ses souvenirs sur les lieux mêmes où il a vécu.

Les postes étaient multiples, depuis les abattoirs en passant par la fabrication des charcuteries et jusqu’aux bureaux administratifs. On arrivait au bas de l’échelle et les perspectives de promotion étaient possibles et même encouragées. Bien-sûr, c’était un travail difficile pour ceux qui étaient dans les postes de fabrication : l’humidité, les odeurs de viande, le froid dans les congélateurs. L’été  les jeunes de la région étaient embauchés pour les deux mois de vacances, ensuite, ils n’avaient plus trop envie de manger du saucisson pendant quelques temps !

Dans la période de croissance, La Bresse fait appel à une main-d’oeuvre étrangère, des italiens, des maghrébins qui seront d’abord logés sur place puis qui fonderont des familles et s’installeront dans la région qu’ils n’ont plus quittée, même à la retraite.

La convivialité au travail

Le film évoque aussi la bonne ambiance de travail, c’est ce qui reste dans les souvenirs malgré les heures harassantes. On se souvient du plaisir à partager un gâteau d’anniversaire, de la sortie du travail quand on se retrouve au café, et  tous les moments festifs organisés par le comité d’entreprise : arbre de Noël, tournoi de foot inter-services, sorties, vacances…

A partir des années 2000, la production baisse. Des choix économiques font que peu à peu l’entreprise va se concentrer sur son site de Servas, et en 2014, les locaux de Mézériat ferment définitivement et sont laissés à l’abandon. C’est le choc pour tout un village qui a connu un essor économique durant de nombreuses années, avec des commerces importants, et même jusqu’à sept cafés !

Aujourd’hui l’avenir de cette friche industrielle n’est pas encore défini, plusieurs projets sont à l’étude et qui concerneraient l’habitat, l’économie mais aussi l’environnement naturel à réhabiliter après dépollution du site. Depuis vendredi 19 septembre, on peut voir sur les murs extérieurs de l’usine côté rue, une exposition de photos retraçant ces vies de travail.

Article de notre correspondante : Hélène Anglésio

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