
Nathalie Lay est réalisatrice de documentaires, ses films sont imaginés, conçus et montés dans sa maison au cœur du village de Saint-Genis-sur-Menthon. Elle présente le 7 novembre son premier long-métrage au cinéma Pathé-Marivaux de Mâcon intitulé « Droits dans leurs bottes », sur un thème qui lui est cher : le lien entre les humains et les animaux et le respect des valeurs d’un élevage ancestral.
Pour concrétiser ce projet, elle a choisi la Production et la Distribution associatives qui rassemblent des bénévoles motivés par l’aspect culturel et humain du projet. Avec Ciné Ressources 71 et Elevons-nous, elle trouve la dimension d’intérêt général et la liberté de créations pour défendre une vision plus personnelle de son film moins soumis aux impératifs commerciaux. La Communauté de communes de la Veyle est également partenaire de ce projet qui vient en écho à ses préoccupations pour une alimentation locale et des filières de production respectueuses de l’environnement.
Nous avons rencontré Nathalie Lay, passionnée par ce sujet. Interview…
Depuis quand réalisez-vous des films ?
De formation linguiste, j’étais commerciale à l’export. C’est avec un logiciel de montage amateur pour un film de famille que j’ai basculé dans la passion de la création audiovisuelle en 2006. Accompagnée plusieurs années par un vidéoclub et des professionnels, j’ai appris le métier sur le tas. En 2013, j’ai lancé mon entreprise de réalisation de films institutionnels et dès 2018 j’ai commencé à tourner des courts-métrages sur ce sujet qui me tient à cœur : l’élevage paysan. Aujourd’hui, je suis ravie de creuser le sujet avec un premier long-métrage documentaire.
Peut-on aimer les animaux et les manger ?
C’est une question qui s’est posée dès mon plus jeune âge, car j’étais partagée entre une mère végétarienne et un père chasseur ! J’ai été végétarienne mais j’ai dû me rendre à l’évidence : il y a des périodes de la vie où ne pas manger de viande amène des carences, notamment au moment de l’adolescence et de la vieillesse, les protéines végétales de compensent pas complètement une telle alimentation. J’ai beaucoup réfléchi et je me suis rendu compte que c’était une forme d’hypocrisie car si tout le monde était végétarien, les animaux disparaîtraient de nos campagnes, or j’aime les animaux, ils font parti intégrante de ma vie. Donc pour moi la réponse est : oui, on peut aimer les animaux et les manger, mais à condition que l’élevage soit fait dans des conditions qui respectent des valeurs ancestrales, et non pas comme cela se passe dans la production animale industrielle qui n’est pas du tout de l’élevage. Chacun fait ce qu’il veut, ou ce qu’il peut, en tant que consommateur, mais si on se dit qu’on va arrêter de manger de la viande, de quelle viande parle-t-on ? Car la viande hyper-transformée, issue d’une production industrielle, est-ce que c’est encore de la viande ? Il a des solutions pour manger une viande issue d’un élevage respectueux des animaux sans que cela coûte très cher, en retrouvant des habitudes culinaires oubliées, par exemple. D’où l’importance pour moi de mettre en avant le travail des éleveurs, au plein sens du terme.
Vous mettez en valeur le travail de Jocelyne Porcher, pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
J’admire beaucoup cette femme qui a été éleveuse et qui est devenue chercheuse à l’INRAE (Institut National pour la Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement). J’ ai lu ses travaux et j’ai été touchée par sa sensibilité et le bon sens de ses recherches. Je savais au fond de moi que j’allais un jour la filmer et je suis heureuse que ce soit pour mon premier long-métrage. Pour Jocelyne Porcher, « les mots sont une bataille » qu’elle mène depuis plus de 20 ans. Elle refuse d’appeler élevage ce qui en réalité concerne les productions animales industrielles, un environnement violent qu’elle a découvert lors d’un stage. Ce sont pour elle deux mondes qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre.
Comment avez-vous choisi les éleveurs qui apparaissent dans ce film ?
Je souhaitais des éleveurs qui ont fait le choix d’une diversité au niveau des races animales : deux élevages se situent en Bresse bourguignonne pour les chèvres et les volailles, un élevage se situe en Saône et Loire pour les bovins, un en Côte d’Or pour les cochons bio de plein air et un dans le Loir et Cher pour les moutons. A chaque fois ce sont des rencontres humaines et des coups de cœur que j’ai pu avoir pour ces femmes et ces hommes passionnés par leur métier et soucieux du bien-être de leurs animaux.
Que souhaitez-vous pour ce documentaire ?
Je serai heureuse qu’il crée davantage d’élan de soutien envers cette profession. Que les citoyens s’en emparent au maximum pour organiser des soirées-débats dans les communes, avec les associations, dans les écoles… Qu’il puisse insuffler de l’espoir à la filière et aux futures vocations l’envie de se lancer. Mettre en lumière la beauté des animaux et des Hommes quand ils vivent et travaillent est aussi un cri d’alarme face au risque de voir nos relations aux animaux de ferme disparaître. J’espère que le public le recevra comme un trésor à préserver.
En pratique :
Projection du film « Droits dans leurs bottes » le vendredi 7 novembre à 19 heures 30 au Cinéma Pathé de Mâcon. Réservations en ligne.
Article de notre correspondante : Hélène Anglésio.




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